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26 août 2006 6 26 /08 /août /2006 11:45

 

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Veiller à la communion entre les communautés, c’était également tout un programme... Je n’hésitais pas à bousculer quelque peu ceux qui ne répondaient pratiquement jamais aux invitations des autres communautés ! Il faut pourtant remarquer que la communion entre les communautés d’adultes n’a jamais posé beaucoup de problèmes.

Très vite, la fête de l’Epiphanie est devenue un jour important.
 
 fete_r_m.jpg
Fête de l’Epiphanie
 
Quand l’église de la paroisse a pour nom : « Les Rois Mages », on ne peut faire autrement ! Dès 1973, ce fut l’occasion d’organiser une grande fête qui rassemblait d’abord les communautés elles-mêmes, évidemment, mais aussi, au fur et à mesure que les années passaient, un nombre de plus en plus important d’invités de toutes les paroisses catholiques et protestantes de la ville.

D’autres journées resserraient aussi les liens : par exemple la journée de lancement des activités en octobre et la journée bilan, en juin. Il faut signaler encore la veillée de Noël, après la messe de la nuit. Chaque année une communauté se portait volontaire pour accueillir tous ceux qui voulaient « réveillonner ». Ce n’était pas une « invitation » : une cotisation était organisée en vue du repas et chaque communauté préparait jeux, chants, saynètes, danses pour distraire l’assistance. D’année en année cette veillée remporta de plus en plus de succès. Nous aurions pu rester ensemble jusqu’à l’aube, mais la plupart voulaient encore être présent à la messe du jour de Noël, grand-messe célébrée à huit heures... Généralement, une petite pluie, vers trois heures du matin, nous obligeait à mettre fin à cette veillée qui se déroulait en plein air.

Les jeunes et les adultes se retrouvaient assez facilement : organiser une soirée-débat sur un sujet pouvant rassembler les deux classes d’âge, c’était tout à fait possible, même si les jeunes avaient quelquefois la fâcheuse idée d’appeler les adultes, les « vieux »... !

Les relations entre communautés de jeunes et communautés d’enfants ne posaient pas plus de problèmes. Ici encore, des journées organisées au début et en fin d’année donnaient l’occasion aux jeunes d’être au service des enfants, et donc d’être ensemble : en début d’année, un jeu de piste, qui durait toute la journée, renforçait l’unité entre les enfants d’une même équipe. Une « Fête de l’Amitié » en juin leur permettait d’inviter tous leurs camarades d’école ou du quartier. Les équipes de filles se faisaient un point d’honneur à présenter quantité de danses, les garçons avaient toujours de nouvelles saynètes, pour la plus grande joie d’un millier de spectateurs. C’est dans le cadre de ces journées où l’utile et l’agréable étaient étroitement liés que les jeunes mettaient toutes leurs compétences au service des enfants.

A côté de cela, à l’exception du Chemin de croix du Vendredi Saint, qui fut, certaines années, préparé par les adultes, les jeunes et les enfants, ensemble, je peux dire que nous avons pratiquement échoué sur le chapitre des relations enfants - adultes. S’il y avait un millier d’enfants à la Fête de l’Amitié, on pouvait compter sur les doigts de la main le nombre des adultes qui se dérangeaient pour les encourager. Si Jésus habitait Libreville, il pourrait encore dire : « Laissez venir à moi les petits enfants... » !
 
Fête de l’Amitié
 
Par contre, pour en revenir aux communautés d’adultes, et pour terminer ce point sur une note positive, nous avons toujours eu de très bonnes relations avec des communautés d’autres paroisses de Libreville, avec celles de Lambaréné, ou avec nos frères protestants.

Avec nos frères et sœurs de Lambaréné, nous avions pris l’habitude de nous rendre visite. Une année, nous allions chez eux, l’année suivante, ils venaient à Libreville.
 
 
Les responsables de Lambaréné à Akébé
 
 
L’article qui suit, tiré de notre « Journal des Communautés », raconte l’une de ces rencontres.
 
Visite des responsables des communautés chrétiennes de Lambaréné, à Libreville (1997)
 
C’est avec joie que les chrétiens des communautés de la paroisse des trois Rois Mages d’Akébé ont accueilli, le vendredi 12 janvier 1977, à 18 h., les responsables des communautés chrétiennes de Lambaréné.
Devant l’église d’Akébé, les deux groupes de Lambaréné et de Libreville ont manifesté leur joie de se retrouver ensemble, par des chants et lectures de passages bibliques, avant d’écouter le mot d’accueil que devait lire Monsieur Pierre-Paul. Après la réponse de la présidente de Lambaréné, tous, dans une ambiance rare, se réunissent dans la maison des pères où un repas copieux était servi à toute l’assistance. La soirée était terminée vers 22 h., avec la répartition des chrétiens de Lambaréné dans les 9 communautés d’Akébé.
Dans la matinée du samedi 13 janvier 1977, nos hôtes ont visité la ville, et pour certains, c’était la première fois de leur vie.
Dans l’après-midi, à 16 h., dans la salle des conférences de la mission, eut lieu une importante réunion. Prenaient part à ces assises les membres de l’Eglise protestante, les responsables de Lambaréné et ceux de Libreville. Ensemble, nous avons cherché à mettre au point un petit questionnaire qui devrait aider les communautés à réfléchir sur “la souffrance”. A la sortie, la sœur Bénédicta recevait à Nkembo les chrétiens de Lambaréné.
Dimanche, le 14 janvier 1977, à 12 h., au quartier Akébé Fin de Goudron, nous avons assisté à une messe et un baptême, pas comme les autres. Pas comme les autres, pourquoi ? Parce que à part les chrétiens de Lambaréné et ceux d’Akébé, il y avait une forte délégation de nos frères protestants, dirigée par le pasteur Mebeign. Et en plus de tout cela, la télévision gabonaise était au rendez-vous.
 
 
Voici des extraits du film réalisé par la Télévision gabonaise  :
 

 

 

 
 

 

Après tout ce que nous savons déjà de “Fin de Goudron”, l’honneur revenait à la communauté chrétienne d’Akébé-Marché de faire un geste aux chrétiens de Lambaréné. A 19 h., tous les membres de la communauté d’Akébé-Marché, derrière leur dynamique responsable, Monsieur Barthélemy Engourwa Ella, recevait leurs hôtes. Chacun des participants à cette soirée avait mangé à sa faim.
La soirée était terminée par des chants et des danses. Au moment des adieux, car nos frères de Lambaréné devaient rentrer chez eux le lendemain matin, une suggestion a été faite : « ne serait-il pas bon de créer une fête annuelle, qu’on pourrait appeler fête annuelle des communautés chrétiennes du Gabon ? ». Cette fête aurait lieu soit à Lambaréné, soit à Libreville, soit à Port-Gentil ou dans une autre mission catholique du Gabon. (Il serait mieux que cette question soit soumise à la prochaine réunion des responsables).
Enfin, Monsieur Barthélemy a tenu à remercier les chrétiens venus de Lambaréné pour le sacrifice qu’ils ont fait pour nous rendre cette visite. Il a également remercié tous les membres des autres communautés de Libreville qui se sont joints à nous pour la réussite de cette soirée.
Unis dans le Christ.
                                                                      Barthélemy, de la Communauté d’Akébé Plaine.
 

Lambaréné – Libreville, c’est environ 250 kilomètres. Nous avons fait mieux ! Il nous est arrivé, en 1984, d’aller rendre visite à des communautés chrétiennes de France : à Amboise, à Boulogne-sur-mer, à Paris et à Villejuif. Nous étions une petite vingtaine et dans ces villes, nous avons eu la chance d’échanger avec des communautés chrétiennes.

Le scénario fut à peu prés le même partout : les communautés d’Akébé se présentaient avec un montage - diapos, la communauté qui nous recevait présentait également ses façons de faire, en France. Cet échange était suivi d’une célébration et d’un repas fraternel. A Amboise et à Boulogne où nous eûmes un peu plus de temps, nos hôtes ont eu le souci de nous faire découvrir également quelques réalités économiques et quelques sites touristiques.
 
 
Visite d’une usine à Amboise (1984)
 
A Boulogne, les responsables de la Chambre de Commerce nous ont d’abord projeté plusieurs films sur les activités du port et sur la pêche industrielle en haute mer, après quoi nous eûmes droit à une visite organisée, de tout le port, en car. Ce voyage fut très enrichissant pour tout le monde, et tous, nous avons pris conscience que nous étions acteurs : l’unité n’est pas donnée, elle se construit.
 
A Notre Dame de Boulogne,
notre groupe se transforme en chorale (1984)
 
 Nous avons toujours des efforts à faire pour passer d’un cercle à l’autre : du petit cercle de sa communauté au cercle déjà plus grand des communautés voisines, puis au cercle plus grand encore des communautés de son pays, et jusqu’aux communautés d’un autre pays.
 
Nous avons renouvelé une expérience de ce type en 1989. Cette fois, une vingtaine de chrétiens des Rois Mages s’est jointe aux chrétiens du diocèse d’Arras pour un pèlerinage à Lourdes.

A Lourdes (1989)


Tout ceci pour dire qu’une communauté est exactement le contraire d’une « secte » qui se couperait du reste du monde. Plus une communauté chrétienne est vivante, plus elle est en relation avec les autres communautés. Et si le prêtre est celui qui s’efforce de faire grandir cette unité, cette communion, s’il préside le sacrement qui signifie et consolide cette communion, il peut déjà trouver, rien que dans cette tâche, largement de quoi s’occuper !

Certains pensent que constituer une communauté en Afrique c’est chose facile. La solidarité africaine est une vertu reconnue et admirée partout. Sans être rabat-joie, j’aurai tout de même tendance à mettre un bémol. Il est vrai que certains partagent plus que d’autres, mais prendre sur son temps, se frotter aux caractères des uns et des autres, mettre ses richesses au service des autres : tout cela n’est pas évident. Pas plus au Gabon qu’ailleurs !

Vous avez compris que la télévision gabonaise avait réalisé un petit film : « Communauté de base d’Akébé ». En 1978, j’étais venu en France, en congé, avec ce film dans mes valises. Je l’ai projeté un soir, dans les environs de Boulogne-sur-mer où je passais quelques jours de vacances en famille. Après la projection, les doigts se lèvent. Beaucoup de questions ! Quelqu’un me demande : « Est-ce qu’on pourrait faire des communautés comme cela, en France ? ». Je n’ai pas eu le temps de répondre. Un spectateur s’est écrié : « Mais non, nous sommes beaucoup trop individualistes ! »
C’est peut-être vrai, mais à Libreville, nous nous sommes heurtés quotidiennement à ce même problème. Un peu plus sans doute dans les cités. A Awendgé et à Likouala, les communautés ont eu bien du mal à se constituer et à perdurer. Vous allez le constater en lisant ce qu’elles mêmes écrivaient. Aujourd’hui, en 2002, seule la communauté de Likouala vit toujours. Je laisse la parole à ces deux communautés :
 


Communauté de Likouala
 
Cette communauté a été fondée au cours du 1er trimestre de l’année 1981.
Nous nous sommes entendus avec quelques membres de la paroisse Sainte Jeanne d’Arc de Likouala car nous sommes côte à côte. Nous étions cinq au total : Mmes Abessolo Thérèse et Oke Claire, Mrs. Mba Jean, Nkoghe Jean-François et Edzang Marcel.
A peine deux ou quatre réunions la communauté s’est endormie car les membres n’assistaient plus aux réunions vu leurs occupations.
Nous avons de grandes difficultés à faire fonctionner cette communauté pour la bonne raison que nous habitons une cité, où chacun vit chez lui.
Les problèmes de pratique religieuse ne leur disent pas grand chose à eux, les habitants d’une cité. Il ne se fréquentent pas, les ethnies étant différentes. Nous avons comme parrain la communauté de Derrière le Centre Social qui au départ nous a assisté lors de certaines réunions.
Pendant les réunions nous traitons les problèmes de famille, de vie courante, la méditation sur certains passages d’Evangile, certains sujets proposés en réunion de responsables, à toutes les communautés. On commence par une prière et on termine de la même manière. Sommeil continu, ce n’est qu’en février 1983 que les activités reprirent avec M. Kofi Seshhie présenté par le Père Gérard qui ne cesse de fournir autant d’efforts pour faire fonctionner notre communauté.
Pendant les réunions, ce dernier passe à chaque fois pour nous encourager. Il ne manqua pas une fois de plus à revoir notre parrain : la communauté de Derrière le Centre Social pour nous renforcer de nouveau. Cette dernière l’accepta une deuxième fois, assista à l’une de nos réunions et nous confia par la même occasion deux enfants à baptiser. La cérémonie se passa chez nous. Notre effectif s’est augmenté dernièrement de trois membre : deux femmes et un homme.
Nous préparons également le baptême des enfants. Cette fois-ci nous nous sommes organisés en votant un bureau, le taux de la cotisation et un horaire fixe.
 
Nous espérons qu’on ne s’endormira plus, priez surtout pour nous.

                                                                                Oke Claire
 
La communauté de Likouala ( Ste Rita) en 2001 :


Avec Sainte Rita
envoyé par gerardw. -  
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Communauté d’Awendge
 
Il y a trois mois, le quartier Awendge, situé sur la voie expresse, face au “Plein Ciel”, a commencé à avoir une communauté malgré toutes les difficultés que cela a pu présenter.
Au début, nous étions quatre membres, puis actuellement, nous sommes cinq : M. Bini Alphonse, Mmes Fauster Catherine, Wora, Piaula Bernadette et Ekome Martine.
Les réunions se passent régulièrement le samedi. Nous commençons par une prière à la Vierge Marie. En ce moment, nous essayons de voir ensemble les problèmes de la cité.
Dans notre cité, le problème qui nous préoccupe le plus c’est celui des loyers. Jusqu’à présent, nous ne savons pas encore si nous resterons tous dans cette cité, car le loyer a augmenté. Les maisons sont mises en vente au prix de 5 millions CFA.
A côté de cela, nous avons des problèmes de ravitaillement : tous les matins, le pain vient en retard. Il nous manque aussi du pétrole, des vivres frais, etc.
Autre problème : nous avons des enfants à baptiser, à enseigner le catéchisme, à préparer à la première communion. Il nous manque des entraîneurs. Nous voudrions aussi avoir la messe une fois par semaine.
Voilà pour les débuts de notre communauté.
 
                                                        Alphonse, Martine et Catherine
 


Au service de la communion… Ce n’est pas tout, j’ai souvent été amené à rendre un autre service : ayant d’une certaine façon, au moins sur le plan intellectuel ..., une connaissance de l’évangile un peu plus approfondie que la moyenne, j’ai souvent eu l’occasion de faire plus facilement que d’autres, le lien entre la vie et l’évangile, en particulier avec les plus jeunes, évidemment.
 
 
 
 
 

Le bureau des communautés en visite à Lambaréné, 1er mai 1987

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